La newsletter qui reconnecte l'innovation au progrès — par Cap Digital
Le lundi 30 janvier 2023
Promis, cette newsletter est écrite par un être humain ! C’était pourtant tentant de faire parler d’IA à une IA, mais on a résisté, on ne voulait pas se faire coincer par cet outil tout juste sorti du four pour dénoncer les plus flemmards d’entre nous. Au menu cette semaine, vous l’aurez compris : de la data, de l’IA et beaucoup de questions posées par des humains.
Focus sur : l’IA générative, qui fait la Une de l’actu ;
L’appel à projets en stock : l’appel pour les solutions innovantes pour les futurs réseaux 5G/6G ;
Le nouvel adhérent : Dataveyes ou l’art de nous informer en mettant en scène la data ;
Et pas mal d’événements et d’actualités à scruter de près dans nos rubriques “On y sera” et “Snippets”.
Après ChatGPT, quel avenir pour les IA génératives ?
ChatGPT3, VALL-E, DALL-E 2, Stable Diffusion, Lensa AI etc., il est presque impossible d’être passé à côté de ce qui fait l’actualité de la tech depuis quelques semaines : Generative AI. En français dans le texte, l’IA générative, c’est tous ces algorithmes d’IA et de machine learning qui utilisent des contenus existants pour en générer des nouveaux. En résumé, le modèle permet d’imiter les processus créatifs humains en se basant sur une simple commande textuelle (prompt pour les fluent) faite de quelques mots de description. Comme par magie (même si, vous l'aurez compris, ça n'a rien de magique), l’IA génère alors gratuitement une œuvre unique en son genre : des textes pour ChatGPT, des sons/voix pour VALL-E ou encore des images pour DALL-E, Stable Diffusion et Lensa AI (liste non exhaustive, bien évidemment).
Et ce modèle d’IA, probablement révolutionnaire, intéresse tout le monde : les dirigeants de Davos, les GAFAM (Google a même rappelé ses fondateurs pour préparer la riposte à ChatGPT), le Gouvernement, les start-up, les laboratoires de recherche ou encore les grandes entreprises, notamment dans les secteurs de la santé, du management, de l’art et de la finance. Et comme tout a été déjà plus ou moins dit sur le sujet, on vous propose de regarder ensemble vers l’avenir avec l’aide de Laurent Daudet, co-fondateur de la start-up française LightOn, à l’origine de modèles de langage concurrents de ChatGPT, mais avec un autre modèle économique plus orienté BtoB (où vous n’êtes pas le produit, car ce n’est pas gratuit). Que nous réserve l’IA Générative ? Quels sont les grands enjeux de son développement ?
Une démocratisation en demi-teinte. Certes, l’IA générative a su capter le public comme peu de technologies dans l’Histoire et devrait être adoptée à plus grande échelle dans les années à venir, mais (car il y a toujours un mais) son évolution est tellement rapide qu’il reste beaucoup d'éléments à clarifier pour accompagner son hypercroissance : biais, sécurité, propriété intellectuelle et droits d’auteur, éthique, réseau, menaces pour l’emploi, désinformation, éducation, etc. Pour Laurent Daudet, “en 5 ans, il s’est passé autant de choses que dans toute l’histoire de l’IA, et c’est vertigineux : dans l’hypothèse minimale, cela va révolutionner les moteurs de recherche. Pour la première fois, nous faisons de l’IA qui ne parle pas qu’aux ingénieur·e·s”.
Une réglementation nécessaire. Depuis avril 2021, la Commission européenne bosse sur le dossier pour mettre en place un cadre législatif et des règles communes au niveau mondial, comme recommandé par la commission spéciale du Parlement européen sur l’IA à l’ère numérique (AIDA). Au niveau européen, c’est le futur Artificial Intelligence Act qui devrait faire autorité, pour veiller à ce que les systèmes d’IA sur le marché UE respectent les droits fondamentaux des citoyen·ne·s ; garantir la sécurité juridique et faciliter l’investissement et l’innovation ; renforcer la gouvernance et la souveraineté numérique ; faciliter le développement d’un marché unique pour les applications d’IA légales, sûres et de confiance. Les discussions sur ce nouveau projet de loi sont encore en cours, et 2023 devrait mener au consensus pour une mise en application de ces lois avant 2024-2025.
Une question de financement. “ChatGPT aurait-il pu être européen ? Oui, sur le plan technologique ; non, sur celui de l’audace et du financement. Saurons-nous à présent nous en emparer ? Sans doute pas au niveau qu’il conviendrait, tant que nous ne résoudrons pas les enjeux de financement du risque inhérent à ce qui est fondamentalement nouveau” alerte Gilles Babinet, co-chairman du Conseil national du numérique, dans une tribune parue récemment dans Les Echos. Tout est dit : l’Europe se voit confronter à des questions “quasi existentielles” vis-à-vis des technologies de rupture comme l’IA, et disposer des meilleur·e·s scientifiques au monde ne suffit plus, il faut être en capacité d’y mettre le prix. En jeu : nos objectifs en termes de décarbonation, notre sécurité ou encore, notre souveraineté européenne.
Nos investisseurs sont-ils prêts à prendre des risques sur des sujets de rupture ? Pour rappel, OpenAI a bénéficié d’un investissement de départ de 1 milliard de dollars, consacré en grande partie à fournir la puissance de calcul pour entraîner le modèle, et Microsoft vient d’y ajouter quelques zéros. Pour Laurent Daudet, l’excès de prudence européenne est en effet un frein, autant du côté des investisseurs que des acteurs publics ou privés : “on parle souvent de la frilosité des investisseurs, mais il y a aussi celle des potentiels clients. Du temps de calcul, ça s’achète ; des ingénieurs, ça se trouve et on en a de très bons en Europe ; de l’argent, il en manque toujours c’est un classique ; mais des clients qui mettent vraiment en production des solutions très innovantes comme l’IA, même en commençant petit, c’est le plus difficile à trouver. En Europe, les entreprises ont surtout la culture du POC et préfèrent attendre de voir si cela se développe ailleurs pour se lancer tardivement sur une solution sur étagère”. Une analyse qui raisonne avec la "dangereuse spécialisation de l'Europe" dénoncée par Gilles Babinet et Olivier Coste, entrepreneur de la tech, dans une tribune publiée récemment par l’Institut Montaigne.
Des infrastructures qui doivent être capables de subvenir aux besoins des IA de manière plus durable. Les IA sont de plus en plus gourmandes en puissance de calcul, à tel point qu’il a fallu inventer un indicateur original, le pétaflop (soit environ 1,4 million de milliards d’opérations de calcul chaque seconde). Il faut dire que la puissance de calcul nécessaire pour les algorithmes d’IA double d’après les experts d’OpenAI, tous les 3,4 mois… “C’est donc avant tout une question de ressources. Pour rester compétitive, l’Europe doit continuer à investir dans des supercalculateurs comme Leonardo, lancé par Atos fin 2022 en Italie, et trouver le bon équilibre économique dans leur mise à disposition, ce qui n’est clairement pas chose facile”. précise Laurent Daudet. Par ailleurs, cette course gigantesque va poser pas mal de questions environnementales qu’il va falloir anticiper. “On ne peut pas avoir 4 milliards d’utilisateurs de ChatGPT sans que ce soit un problème environnemental mondial, car cela demande beaucoup plus de puissance de calcul que les 4 milliards d’utilisateurs de Google. Mesurer l’impact de ces IA est un vrai enjeu pour l’ensemble des acteurs de l’IA” ajoute Laurent Daudet.
L’éducation et la formation à l’IA, ou comment préparer les individus à faire la part des choses. Oui parce qu’avant la tech, vient l’humain. Et si l’on veut continuer à développer la citoyenneté, la souveraineté ou encore la compétitivité numérique, et éviter la multiplication des tricheries via ChatGPT, il est primordial d’engager une réflexion plus globale incluant tous les acteurs de l’éducation et de la formation. Plusieurs actions ont d’ailleurs déjà vu le jour sous l’impulsion du Ministère de l’éducation, de la jeunesse et des sports. Rappeler l’importance de l’esprit critique et de l’usage raisonné des technologies, c’est aussi rappeler que l’accès à la connaissance se fait avant tout parce qu’il existe une interaction entre élèves et enseignants. D’après Laurent Daudet, “l’IA est une création humaine comme une autre, elle est aussi artificielle qu’une voiture ou un smartphone, il faut donc accompagner son utilisation via un apprentissage dédié (cf. le code de la route) et éduquer sur tous les aspects : son potentiel incroyable, ses limites et ses applications plus néfastes, et sur les enjeux écologiques”.
L'AUDIO ANTI-SCHMILBLICK
On vous explique la "Virtual production" en 4min58s.
The Mandalorian, Gravity, First man, Dune etc. la production virtuelle, ou virtual production, fait depuis maintenant quelques années beaucoup parler d’elle dans le monde du cinéma et de la production audiovisuelle. On a voulu en savoir plus sur cette technologie qui change radicalement les processus de production avec Romain Cheminade, CEO de Dark Matters (adhérent Cap), spécialiste français des technologies de production virtuelle et en temps réel, qui vient d’ouvrir à Tigery (Essonne) des studios de cinéma ultramodernes sur plus de 15 000 m². C’est sans images, il vous suffit de brancher votre casque et d’écouter ces 5 minutes d’explications en format note vocale !
MAIS ENCORE ?
Chez Cap Digital, l’intelligence artificielle, c’est un peu notre quotidien. On en a même fait une priorité dans notre feuille de route 2023-2026 et on accompagne de plus en plus de projets collaboratifs sur le sujet. C’était le cas ces 3 dernières années d’AI4Cities, un projet européen de grande ampleur - 6 villes mobilisées - pour la neutralité carbone des villes. C’était tellement bien qu’on en a fait un reportage dans lequel on a invité porteurs de projets et villes partenaires de la Métropole du Grand Paris à venir témoigner de leur expérience face caméra.
L'APPEL À PROJETS EN STOCK
« Solutions souveraines pour les réseaux de télécommunication » par Bpifrance
La 5G, on en a déjà parlé, fait partie des futures technologies de réseaux de télécommunications prioritaires, au cœur de la stratégie du gouvernement pour positionner la France à la pointe des nouveaux usages numériques. C’est pour cette raison que Bpifrance, dans le cadre de France 2030, lance un appel à projets relatif à la stratégie d’accélération sur la 5G et les futures technologies de réseaux de télécommunications : “Solutions innovantes pour les réseaux du futur 5G/6G”.
Que ce soit pour le lancement de travaux de R&D, le développement de solutions souveraines et/ou l’amélioration de l’impact environnemental des réseaux télécoms, les projets attendus doivent présenter un budget supérieur à 2 000 000€ (et 1 000 000€ pour les PME avec un projet individuel). Tout stade de maturité accepté, partenariat ou non, tant que votre projet permet la création de valeur à l’échelle française et/ou européenne. Pour maximiser votre chance d’être sélectionné, faites-vous accompagner, on est là pour ça !
ON SOUHAITE LA BIENVENUE À...
Dataveyes, adhérent Cap Digital depuis nov 2022
Caroline Goulard, CEO de Dataveyes
Données toujours, avec la mise en lumière cette semaine d’un tout nouvel adhérent spécialisé dans les “interactions humain-données” : Dataveyes. Créé en 2010 par Caroline Goulard, Léo Gourven et Benoît Vidal, Dataveyes est un studio de visualisation de données (datavisualisation) qui s’est donné pour mission d’aider à mieux comprendre le monde grâce à la data. Leur métier ? Construire des outils, des applications ou des interfaces qui permettent de comprendre l’information présente dans des gros volumes de données ou dans des bases de données très complexes. Prototypage avec les données, design d’information complexe, traitement de de données, dessin dans le navigateur, journalisme de données, stratégie des produits riches en données, etc., l’équipe a développé sa propre méthodologie (inspirée du design thinking) pour assurer à ses clients et partenaires une symbiose parfaite entre utilisateurs et données.
Autrement dit, l’agenda des événements qu’on vous recommande un peu plus que d’autres.
• R&D Corner : on aura pas mal de choses à vous raconter en matière d'appels à projet régionaux, nationaux ou européens le 7 février prochain, chez Cap Digital ou en distanciel ; • Projets collaboratifs : pas moins de 6 pôles de compétitivité se réuniront le 9 février au Conseil Régional d'Île-de-France pour vous proposer une journée dédiée à l'émergence de projets innovants collaboratifs autour des axes majeurs du plan stratégique d'innovation et développement économique de la Région : décarbonation des industries et de la mobilité, IA, numérique et transition écologique, numérique de confiance et santé ; • Projets de recherche & industrie : le 15 février, dans le cadre du projet « Paris Region Fellowship Programme », la Région Île-de-France organise une session de présentation de projets de recherche issus de ses DIM (Domaines d’intérêt majeur) en recherche de partenaires industriels. • Ville intelligente et durable : La Métropole du Grand Paris, la ville de Montrouge et l'ONG egreen for users vous invitent au colloque "Les technologies numériques pour une ville intelligente et durable" le 9 février à Montrouge.
SNIPPETS
Les actus de la quinzaine, en flux continu.
•Quand l’IA se met au service de la culture et à l’Histoire avec l’aide du journal Le Monde, de l’Ircam et l’Ircam Amplify, ça donne ça• Vous avez jusqu’à demain pour vous manifester auprès de La Cité Fertile, qui relance son appel à projets pour organiser 12 grands week-ends autour des Objectifs de Développement Durable (ODD) des Nations Unies (soit 8 500m2 d’espaces à dispo de celles et ceux qui apportent des solutions pour une transition écologique et sociale durable) ! • Jusqu’au 11 février, Andera Partners & Greenunivers sont à la recherche des femmes de la transition énergétique• Du salon Tech for Retail au métavers, il n’y a qu’un pas, et c’est notre membre de la gouvernance de Cap Digital, Jean-François Penciolelli, qui le fait dans une chronique publiée cette semaine dans le JDN • Entreprises des Hauts-de-France, vous avez jusqu’au 17 mars pour candidater aux Trophées de l’Economie Responsable organisés par le Réseau Alliances•
Et voilà pour cette quinzaine. Est-ce que cette nouvelle newsletter vous a plu ?