La newsletter qui reconnecte l'innovation au progrès — par Cap Digital
Le 17 octobre 2023
On vous a peut-être déjà posé cette sempiternelle question : “si tu pouvais dîner avec une célébrité, de qui s’agirait-il” ? Et bien à y regarder les innovations de plus près, on s’est aperçu que la réalité rattrapait un peu nos rêves et que nous pourrons peut-être bientôt, à défaut de manger avec, au moins discuter avec une personnalité tout à fait hors de portée. On vous en dit plus dans cette newsletter, promis.
Focus sur : Aujourd’hui, on parlera de ces IA plus vraies que natures, qui doublent des stars de la télé, du cinéma, du sport ou de la chanson. Pourquoi imite-t-on la réalité dans le virtuel ? Est-ce bien réaliste ? Quelles sont les applications de ces technos surprenantes ? Le point avec Cédric Guiard d’Eisko.
Et aussi : Une plongée dans TEMS, un projet européen pour un espace commun de données médiatiques auquel nous participons.
L’appel à projet en stock : ECONUM, l’appel à projets en faveur d’une économie du numérique innovante, circulaire et à moindre impact environnemental.
Le nouvel adhérent : Découvrez Olfy, la start-up qui joue avec nos sens.
On y était : A l’événement BIG by Bpifrance. Et on vous raconte.
Et bien sûr, comme toujours, retrouvez tout à la fin de cette newsletter notre sélection d’événements à ne pas manquer, concoctée sur mesure.
Découvrez notre nouvelle publication de référence, qui réunit connaissances, grandes tendances et signaux faibles de l’innovation numérique, analysés par quelques-uns de nos 1000 adhérents et experts !
FOCUS SUR
Des avatars plus vrais que nature ?
“Je pourrais très bien utiliser le double virtuel de Cédric Guiard pour faire l’interview”, s’amuse l’intéressé. L’espace de quelques secondes, on se demande même si l’on est bien en visio avec le vrai Cédric Guiard, PDG d’Eisko, une start-up française… Car sa spécialité, ce sont justement les avatars 3D plus vrais que nature, inspirés de personnes réelles.
La société, qui travaille également sur des simulations de produits et services dans le domaine de la cosmétique, de l’aéronautique, du cinéma ou de l’industrie, collabore en effet avec des personnalités pour capturer leurs traits et les rendre exploitables sur divers médias. Margot Robbie, Kylian Mbappé, ou encore Jean-Paul Gaultier, pour ne citer qu’eux, collaborent avec Eisko. “Notre couverture technologique et marché centrée sur la modélisation et la simulation de l'humain est unique au monde”, se félicite Cédric Guiard, le dirigeant.
Ces copies humaines digitales prennent de l’ampleur à mesure que les capacités de l’intelligence artificielle (IA), leur cheville ouvrière technologique, augmentent. Au départ cantonnées à l’univers du divertissement, elles sont aujourd’hui d’un tel réalisme, que leurs implications sont devenues… un poil plus sérieuses. On se demande si elles ne pourraient pas ébranler les fondements mêmes de la vérité sur un écran.
Le fun d'abord, le sérieux ensuite
On retrouve ces deux facettes des avatars en 3D dans les annonces de rentrée de Meta. Il y a d’abord le côté pur divertissement : flashy, glamour. Lors dela conférence Meta Connect qui avait lieu le 27 septembre, l’entreprise annonce avoir créé des chatbots à l’effigie de stars comme Snoop Dogg, Paris Hilton, ou l’une des mannequins les mieux payées au monde, Kendall Jenner. Meta lance aussi sa propre IA générative sous forme de chatbot, sur plusieurs plateformes.
Dès le lendemain de la conférence Meta, Mark Zuckerberg donnait une interview un peu particulière à Lex Fridman, pour le podcast tech de ce dernier. Un entretien à distance… ou en présentiel, on ne sait plus trop. Les deux participants, équipés de casques de réalité virtuelle, échangeaient avec l’avatar de l’autre, qu’ils voyaient face à eux. Cette fois, plus question de simple divertissement : l’objectif de Meta : commercialiser ces technologies et les rendre disponibles non plus pour une poignée de célébrités… mais pour ses 3 milliards d’utilisateurs.
“Pour nous, c'est là la véritable annonce, décrypte Cédric Guiard, et c’est d’ailleurs la première fois que Mark Zuckerberg en parle aussi ouvertement. Le métavers, selon Meta, c'est le photo-réalisme, la téléprésence au travers d'un casque de réalité virtuelle. Les usages sont le travail à distance, l'éducation, la culture et le commerce.” On est loin, donc, des premières images d’épinal des métavers, pixelisées et cartoonesques. Et Meta n’est bien sûr pas le seul sur ce créneau. Le casque Vision pro d’Apple, annoncé début juin, permettra lui aussi de créer des avatars 3D des utilisateurs.
Faire parler les morts
En dehors des onéreux et contraignants casques, une foule d’entreprises s’est déjà attelée à copier, ressusciter ou étendre le réel. On connaissait les concerts de Tupac en hologramme, mais on peut désormais aussi discuter avec “l’esprit” de Van Gogh via un chat développé par la société Ask Mona à la demande de la ville d'Auvers-sur-Oise, où le peintre a passé ses derniers jours. Fin 2023, c’est même un avatar 3D de l’artiste qui nous donnera la réplique, développé par la start-up strasbourgeoise Jumbo Mana. A partir de données, l’IA devra imaginer des discours les plus fidèles possibles au style des écrits du peintre.
Le charme finlandais
Côté réseaux sociaux, des influenceurs ont déjà saisi le filon. “Jeune fille virtuelle de 24 ans vivant à Helsinki. Je suis une création de l'IA”, glisse Milla Sofia dès sa page d’accueil Tiktok ou Instagram. Derrière ce profil, une start-up finlandaise, Netmylly, qui compte “révolutionner le e-commerce avec des IA.”
Parcours un peu différent pour caryn.ai, car le double émane cette fois d’une véritable influenceuse Caryn Marjorie, 2,6 millions d’abonnés. Elle s’est associée avec l'agence Forever Voices pour se créer un moi digital, présenté comme une “petite amie virtuelle”. "Que ce soit tard dans la nuit ou au début de la journée, Caryn sera à vos côtés”, assure-t-elle. Angoissant ? Nombreux ont pourtant été ceux qui se sont prêtés au jeu. Alors que la minute pour discuter avec elle coûtait un dollar lors du lancement, en mai 2023, l’influenceuse (la vraie) aurait gagné une fortune en quelques jours.
Une base de données de traits humains
Ces créations de double sont encore (très) coûteuses, surtout si on veut un rendu le plus réaliste possible en captant les détails, les expressions… “Vu les coûts aujourd’hui, on utilise plutôt ces captures ponctuelles pour des acteurs, des chanteurs, des personnalités…”, nous raconte le dirigeant d’Eisko. Pour une population entière, “au lieu de scanner tout le monde, la méthode est de vous reconstruire à partir d'une base de données de visages 3D capturés par des entreprises spécialisées qui rassemblent une continuité de traits, de brillance de la peau, de grains, de gestuelle etc”, détaille Cédric Guiard. Il devrait bientôt être possible de reconstruire un grand nombre de personnes pour un coût modique. “Et cette contrainte tech’ va être gommée à moyen terme”, assure-t-il.
Ces technologies vont-elles toucher le grand public ? “C’est indéniable”, ajoute aussitôt l'entrepreneur. Ce qui pose de nombreuses questions de propriété de son image, de son double, d’une entité qui ressemble et s’exprime comme le vrai “nous”, sur un écran. On connaît déjà le risque de deepfakes d’hommes politiques, par exemple. “Mais un jour, il sera possible pour votre concierge, ou n’importe qui, de vous faire dire n’importe quoi dans le monde virtuel”, annonce-t-il.
“On pourrait à terme connaître une perte totale de confiance dans tout ce qui passe sur un écran, et les seuls échanges dignes de foi seraient ceux en direct, dans le monde réel, en face à face”, craint Cédric Guiard. Pour prévenir un naufrage de confiance dans le virtuel, “il faudrait que l'Union européenne s’empare du sujet”, plaide-t-il. Faudra-t-il d’autres textes de lois encadrant l’usage des données personnelles ou les services numériques, comme le RGPD et le Digital Services Act ? Notre suggestion : demander à nos avatars en 3D de se pencher sur le sujet pendant notre sommeil, et nous soumettre une ou deux propositions.
MAIS ENCORE ?
TEMS (Trusted European Media data Space), le nouveau projet européen de Cap Digital, vise à concevoir et mettre en place un espace commun pour les données des médias à travers l’Europe. Nos équipes participeront à l’engagement de la communauté des industries culturelles et créatives (ICC), notamment via la coordination d’ateliers collaboratifs visant à définir un business model pour la plateforme française. Elles participeront également aux actions de communication et de dissémination.
Après plus de deux ans de travail préparatoire, le consortium TEMS fera ses premiers pas officiels le 24 octobre prochain à Euskal Irrati Telebista-EITB, à Bilbao. Avec un budget total de 16,5 millions d’euros réparti entre 43 partenaires issus de 14 pays, le projet européen durera trois ans.
Concrètement, il ouvrira la voie au déploiement à grande échelle de services, d’infrastructures et de plateformes de pointe. L’objectif, à travers TEMS, est d’accélérer la transformation numérique du secteur et d’améliorer de manière globale et significative la compétitivité de l’industrie européenne des médias. Il s’agira entre autres de renforcer la lutte contre la désinformation, de faciliter l’analyse d’audience et la circulation des flux de données pour les chaînes de production, et d’accélérer l’adoption des technologies d’IA et de réalité virtuelle.
Tout ce travail commun concernera aussi bien les médias déjà existants, que des projets en cours de construction.
L’appel à projets “Soutien au développement d’une économie du numérique innovante, circulaire et à moindre impact environnemental” (ECONUM) s’adresse à tous les acteurs du numérique responsable !
Il concerne aussi bien les structures privées que publiques : entreprises, associations, laboratoires, groupes et collectivités territoriales sont invités à participer, partout en France. L’objectif ? Repérer et encourager les innovations qui contribuent à réduire l’impact environnemental de la filière.
Si l’écoconception, l’économie circulaire (réemploi, reconditionnement), la low tech ou “l’allongement de la durée de vie des solutions numériques” n’ont aucun secret pour vous, alors vous pourrez présenter un projet allant de 300 000 à 5 millions d’euros (et jusqu’à 80% d’aide accordée aux start-up et PME !). Deux vagues de candidatures auront lieu. Vous avez jusqu’au 29 novembre pour la première, et jusqu’au 29 février 2024 pour la seconde.
Et pour en savoir plus sur la stratégie d’accélération dédiée au numérique responsable, dans laquelle s’inscrit ce projet, n’hésitez pas à (re)voir notre R&D Corner avec l’ADEME !
ON SOUHAITE LA BIENVENUE À...
Olfy, le nouvel adhérent qui a du flair
Clothilde Dubernet, fondatrice et CEO d'Olfy.
Si vous pensiez que la vue était le seul sens exploitable en matière de réalité virtuelle, alors laissez notre nouvel adhérent Olfy vous prouver le contraire. Sa spécialité ? Ajouter la dimension olfactive aux expériences en VR, pour une immersion plus vraie que nature.
La start-up commercialise une sorte de boîtier, que l’on a juste à clipser sur son casque. Tout se passe ensuite au niveau du nez, où des extraits de senteurs concoctées par des parfumeurs professionnels sont diffusées et viennent nous chatouiller les narines, évidemment en lien avec le scénario projeté dans l’environnement virtuel.
Les odeurs vont du cèdre atlas à l’essence, en passant par la barbe à papa, la garrigue ou les petits animaux de la ferme… En bref, il y a de quoi réinventer la VR, dans bien des domaines.
ON Y ETAIT !
A BIG, l'événement business de Bpifrance
Début octobre, on assistait à l'événement qui porte bien son nom : BIG. Le programme du plus grand rassemblement business d’Europe, organisé par Bpifrance, était pour le moins chargé. 500 conférences et ateliers, plus de 1000 intervenants et 260 heures de contenus à écouter en direct, autour de l’innovation et de l’entreprenariat…
Nos équipes ont croisé parmi la foule quelques-uns de nos adhérents, comme le spécialiste de la robotique Enchanted Tools, l’expert de la veille scientifique Opscidia, Sopht, la plateforme qui veut décarboner l’IT, ou encore Odiho, qui maîtrise la gestion du son dans les environnements bruyants comme personne…
Et pendant que l’on discutait dans les allées du BIG, Bpifrance dressait le bilan, en dévoilant son rapport d’activité pour le premier semestre de 2023. En six mois, pas moins de 5,6 milliards d’euros ont été déployés pour financer l’innovation, soit “une hausse spectaculaire” de 235% par rapport à l’année précédente, relève Maddyness. En revanche, les structures bénéficiaires sont moins nombreuses.
En 2022 en effet, 1,7 milliard avait été réparti entre 3800 entreprises. Cette fois, “seules” 1000 startups et autres acteurs de la tech sont concernés. Il faut notamment souligner qu’un milliard a été consacré aux appels à projets des stratégies d’accélération de France 2030, soit environ trois fois plus qu’au premier semestre de 2022.
D’ailleurs, si vous cherchez à faire financer un projet d’entreprise, n’hésitez pas à lire ou relire notre guide dédié. On y parle de Bpifrance, mais pas que.
ON Y SERA
Autrement dit, l’agenda des événements qu’on vous recommande un peu plus que d’autres.
• Haute densité : Pour le premier événement du cycle de conférences Haute Densité, Cap Digital a choisi de parler d’IA frugale. Est-ce possible d’allier haute technologie et respect de l’environnement ? Des éléments de réponse mardi 17 octobre à 18h, dans nos locaux (et ensuite en replay) ! •Une tech éthique : Venez assisterle 19 octobre à l’enregistrement de l’épisode anniversaire de Trench Tech, le podcast qui nous prouve que la tech peut être éthique. •Cap and coffee : Le prochain Cap and coffee parisien sera l’occasion d’explorer les projets en santé de l’Inria.Le 24 octobre de 9h à 10h, nous explorerons les solutions avant-gardistes, les avancées technologiques et les progrès de recherche en la matière - et pour les Lillois de l'étape, on vous donne rendez-vous le 14 novembre chez Euratech pour un Cap & Coffee 100% Retail.
• Cybersécurité et retail : Dans le cadre du cybermois de l'Inria Tech Lille, un petit déjeuner sur le thème de la cybersécurité dans l'univers du retail sera organisé le 26 octobre. Au menu : un panel d'experts, des retours d'expérience sur des attaques subies, et des pitchs de startups qui imaginent des solutions à destination du commerce.
SNIPPETS
Les actus de la quinzaine, en flux continu.
• Immersive Learning France a sorti son premier guide sur l’apprentissage immersif ! C’est à lire juste ici. •Nos adhérents ont du talent : le film Le Règne Animal, sur lequel Eisko (voir A la Une) a travaillé, est sorti en salles ce 4 octobre… et a été officiellement sélectionné pour le Festival de Cannes !•Cinéma toujours : notre adhérent MIAM! Animation présente son nouveau film d'animation L'hiver d'Edmond et Lucy (en salle le 8 novembre) et vous invite à sa projection en avant-première le dimanche 22 octobre à 10h au Cinéma des cinéastes (Paris). Enfants bienvenus !•Découvrez aussi les 6 lauréats de notre concours Retail Booster 2023, qui bénéficieront d’un programme d’accélération. •Vous souhaitez présenter votre innovation en intelligence artificielle au grand public ? L’appel à projets innovants d’Universcience est fait pour vous. Candidatez avant le 31 octobre pour exposer votre solution à la Cité des Sciences et de l’Industrie. •Grande fierté ! La commission européenne nous reconnaît comme “Key Innovator” et nous fait figurer dans son “radar à innovations”, suite aux excellents résultats du projet AI4Cities que nous avons conduit avec la Métropole du Grand Paris et cinq autres capitales européennes ! • Usave, une startup lauréate de notre programme Retail Booster, a été élue Retail Tech de l’année par BFM Business et Altavia ! • Mobilize Financial Services (MFS), la filiale bancaire du groupe Renault, lance la troisième saison de son programme d'open innovation SOLVE avec Cap Digital pour collaborer avec des startup et PME innovantes, autour cette année de la maintenance prédictive. Clôture des candidatures le 20 novembre.
Et voilà pour cette quinzaine ! Cette newsletter vous a plu ? N'hésitez pas à nous faire vos retours en répondant directement à ce mail.
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