Depuis des décennies, le corps des footballeurs de haut niveau est scruté par la science pour améliorer leurs performances. Nouvelles technologies, alimentation, médicalisation, les leviers sont nombreux pour accompagner les athlètes dans leur développement physique. Mais quid de la tête ? L'attention portée à la santé mentale ne semble pas être la même que celle portée aux blessures physiques. 

D'après une étude de 2022 de la FIFPro (Fédération internationale des associations de footballeurs professionnels), entre 20 et 35 % des footballeurs professionnels rapportent des troubles de la santé mentale au cours de leur carrière. Les soucis de santé mentale ne sont pas toujours visibles, mais ils peuvent se manifester de diverses façons : dépression, anxiété, troubles du sommeil, épuisement mental et physique, fatigue générale... tout ce joli cocktail peut sérieusement affecter la vie des joueurs. Dans cette même étude, 82 % des « entraîneurs aux performances », comme les préparateurs athlétiques, disent avoir observé des problèmes de santé mentale chez les joueurs en raison de la surcharge de travail. Et quand on sait le lien indissociable entre bonne santé mentale et performance physique, on se demande ce qu'on attend pour remédier à cela. 

Facteur de réussite, le mental des joueurs est aujourd'hui étudié sous le prisme de la data, qui permet le développement de plusieurs usages : 

• Diagnostic et prévention : l'IA permet de détecter les signes précoces de troubles de santé mentale ; 
• Suivi continu et personnalisé : plusieurs applications de soutien psychologique​, alias l'IA « thérapeutique », ont vu le jour ces dernières années, pour accompagner les sportifs dans leur bien-être mental au quotidien. On peut par exemple citer l'application Menta dédiée à la préparation mentale des sportifs de haut niveau, lancée Romain Bet, handballeur de haut niveau mais aussi docteur en sciences cognitives au sein de l’incubateur PULSALYS et aux côtés de deux laboratoires de recherche lyonnais ; 

• Évaluation du bien-être psychologique : l'IA est de plus en plus utilisée pour suivre l'activité des joueurs sur les réseaux sociaux, leurs interviews et leurs indicateurs d'humeur, et évaluer ainsi régulièrement  leur santé mentale. Par exemple, si un gardien de but montre des signes de stress avant un match crucial, le système d'IA alerte le psychologue du sport pour prévoir un accompagnement adapté ;

• Optimiser des calendriers de matchs : pour éviter tout épuisement professionnel relatif à une surcharge de travail, l'IA optimise les calendriers de matchs et d'entrainement en prenant en compte des facteurs tels que les déplacements, l’intensité du match et le temps de récupération ; 

• Lutte contre le cyberharcèlement : l'IA est aussi un merveilleux outil pour lutter et prévenir le cyberharcèlement des joueurs, souvent soumis à une grosse pression médiatique. On peut citer notre adhérent Data for Ethic qui travaille sur le sujet dans les secteurs de l'éducation et du travail.

Tout comme l'IA, la réalité virtuelle devient un pilier essentiel de la préparation mentale et physique des joueurs. C'est un outil cognitif qui enrichit progressivement les entraînements des clubs, et améliore la capacité des joueurs à traiter rapidement l'information et réguler ainsi leurs actions sur le terrain. Pour Hervé Duhamel, entraîneur en neuro-performances, « l’avenir de la performance, grâce aux neurosciences, résidera dans la compréhension du traitement, par le cerveau du sportif, des informations sensorielles, la façon dont il les intègre, plutôt que de continuer à se focaliser sur la mécanique du mouvement" (Ouest-France, 2021). 

En d'autres termes, il s'agit avec la VR de recréer les conditions réelles d'une situation de jeu (mais sans ballon ni terrain), et de permettre aux jours de booster et d'entraîner leurs capacités cognitives comme l'attention, la perception, le raisonnement, la prise de décision, la gestion du stress, la coordination et la réactivité, plutôt que de simplement répéter des actions prédéfinies. Le tout grâce au casque de VR, agrémenté de caméras, neuro-capteurs, terminaux et autres murs-écrans. « Avec la réalité virtuelle, on replonge les acteurs au cœur de l'action. Elle permet d’associer la bonne approche neuroscientifique et le bon outil » précise dans Ouest-France Benoît Bideau, directeur du Laboratoire Mouvement, Sport et Santé (M2S) de Bruz (Ille-et-Vilaine).In fine, La réalité virtuelle offre une meilleure compréhension des prises de décision en fournissant des données de mouvement plus précises.