C'est la saison des rapports ! Après celui de la Commission de l'IA commenté par nos adhérents dans une précédente édition, nous nous sommes penchés cette semaine sur la publication de la noteL'Europe peut-elle être une puissance de l'IA générative ?publiée par France Digitale du 4 avril dernier, et dédiée à l’ensemble de la chaîne de valeur de la "IAG" : des puces aux applications, en passant par l’infrastructure et les modèles de fondation. On revient pour vous sur les points saillants de la publication, et sur l'alerte donnée par l'association sur le contrôle du marché par les géants du numérique.
L'Europe, futur leader de l'IA générative ?
Pas de surprise : l'IA générative était au cœur du programme de l'AI Day du 4 avril dernier, organisé par l'Institut Prairie et France Digitale. À cette occasion, l'association a sorti un rapport détaillé sur l'IAG, structuré autour d'une question plus que centrale : "l'Europe peut-elle être une puissance de l'intelligence artificielle générative ?". Et la réponse semble claire : "l'Europe n'a pas encore les moyens matériels, financiers, technologiques et humains d'une totale indépendance de l'ensemble des acteurs de cette chaîne de valeur".
Une chaîne de valeur très étendue
Pas de panique pour autant : l'IAG ne se résume pas à ChatGPT. En effet, la chaîne de l'IA générative est bien plus complexe et étendue que cela, et englobe à la fois des éléments matériels (hardware) et logiciels (software), que l'on peut regrouper en quatre couches fondamentales :
les puces (logiciels de conception, matières premières, machines de haute précision, fabrication),
l'infrastructure (centres de données, réseaux, logiciels et services),
les modèles de fondation,
les applications.
La complexité de cette chaîne de valeur créée un réseau d'interdépendances entre les acteurs (très bien imagée par l'étude sous forme d'infographies, cf. ci-dessous), dans lequel on voit exceller plusieurs entreprises européennes, et ce à différents niveaux : l'assemblage de puces, la conception de modèles de fondation, l'hébergement de données ou encore le développement d'applications spécialisées.
Réguler pour mieux accélérer ?
Renforcer l'échelon européen à chaque couche de la chaîne de valeur semble donc être une bonne manière de réduire cette interdépendance vis-à-vis d'acteurs américains ou chinois. Pour cela, la première réponse publique a été politique et réglementaire, avec le Data Act, le Digital Markets Act, le RGPD ou encore plus récemment l'IA Act. Sur ce sujet, France Digitale pointe du doigt l'importance d'adopter « une vision politique et réglementaire adaptée au contexte économique et financier » et regrette, par exemple, que « l’interprétation du RGPD par les différentes autorités de protection des données à l’échelon national [puisse] être stricte voire en opposition, ce qui place les entreprises européennes dans une situation de désavantage concurrentiel ».
L'importance des partenariats
Pour faire face à la concurrence des acteurs majeurs de l'IAG, tels qu'Amazon, Google, Nvidia ou Microsoft, "qui se distinguent par leur structure intégrée verticalement", le rapport souligne l'importance de nouer des partenariats avec ces derniers et entre de plus petites entreprises, et accéder ainsi "à des ressources essentielles" : investissements au capital, puces, infrastructure ou encore marché de distribution. "Cette tendance entraîne souvent une dynamique de coopétition, où la collaboration et la concurrence se côtoient et s'entremêlent" précise le rapport. Mais le tout n'est pas sans risque : si on donne la possibilité aux Gafam de choisir leurs coopétiteurs en n'ouvrant leurs plateformes de distribution et leurs logiciels qu'à quelques acteurs, ils pourraient plus que jamais se retrouver dans une position anti-concurrentielle.
Des solutions concrètes pour l'Europe
Mais bonne nouvelle pour l'Europe, il n'est jamais trop tard pour prendre un train en marche. Maya Noël, directrice générale de France Digitale et signataire de l'édito du rapport, propose plusieurs pistes concrètes, le financement en tête. D'après elle, il faut investir au plus vite dans l'ensemble des couches de la chaîne de valeur, et pour cela, "la seule vraie option pour l'Europe est de renforcer massivement les capacités d'investissement des fonds privés et publics". Il ne s'agit pas d'éliminer les investisseurs étrangers, mais plutôt de développer en Europe des investisseurs alternatifs crédibles, d'autant plus pour des sommes importantes. Dans la même veine, elle suggère de favoriser l'auto-financement en dopant la commande publique et privée, "en privilégiant ouvertement la commande européenne".
Côté ressources, l'accent est mis sur la nécessité de "sourcer davantage de matériaux rares" pour limiter les dépendances au tout début de la chaîne de valeur, et sur l'état d'urgence quant à la formation et à la rétention des talents, alias les ingénieurs spécialisés européens.
L'APPEL A PROJET À NE PAS MANQUER
Si vous avez un projet d'IA générative et que vous avez besoin de soutien pour avancer, le nouvel appel à projets annoncé par le gouvernement le 5 avril dernier pourrait vous intéresser. Intitulé "Accélération des usages de l'IA générative dans l'économie" et opéré par Bpifrance, il vise à accompagner des projets collaboratifs avec 5 grandes ambitions :
consolider le développement de solutions d'IA génératives françaises ;
accélérer l'adopter de l'IA générative par les entreprises dans leurs usages ;
produire des composants technologiques réplicables ;
soutenir l'établissement de partenariats et de consortiums ;
contribuer au développement dans l'économie d'une culture et d'un socle de connaissances en IA.
Si vous êtes concernés, l'équipe de Cap Digital peut vous accompagner à chaque étape du process et vous faire bénéficier de son label pour augmenter vos chances d'être retenu. L'appel est ouvert jusqu'au 2 juillet prochain, faites-nous signe si vous êtes intéressés et - pour les adhérents de Cap Digital qui nous lisent : surveillez vos boites mails, nous organiserons très prochainement un événement dédié à cet appel en compagnie du SGPI et de Bpifrance !
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