Rien de nouveau à l'horizon : l'impact environnemental de l'IT continue de croître - dixit l'Ademe : 2,5% des émissions de GES est lié au numérique et pourrait tripler d’ici à 2050 - et on ne peut pas dire que l'essor de l'intelligence artificielle et des cryptomonnaies aide vraiment. En parallèle, de nouvelles régulations, notamment la CSRD en Europe, voient le jour et imposent des exigences accrues en matière de durabilité, incitant les prestataires IT à adapter leurs stratégies.
La bonne nouvelle aujourd'hui, c'est que plusieurs experts s'attaquent au sujet et analysent les chiffres et la réalité terrain afin de nourrir le débat et accompagner la transition du secteur du numérique. C'est le cas de notre adhérent AdVaes, qui a sorti hier la seconde édition de son Baromètre des Prestataires du Numérique Écoresponsables. Ce Baromètre, unique en son genre, permet d’apprécier l'évolution de la maturité environnementale des acteurs de la tech et encourage une transition vers des pratiques numériques plus responsables et transparentes.
Sensibles à ces questions et engagés depuis plusieurs années pour une tech plus durable, nous avons eu à cœur, chez Cap Digital, de nous associer au projet. Nous vous partageons aujourd'hui les grands enseignements de ce document de référence (qui fait tout de même plus de 70 pages). Bonne lecture !
Environnement & numérique : peut mieux faire
Avant toute chose, petit point méthodo. Pour cette seconde édition du baromètre, les équipes AdVaes ont analysé les données de plus de 100 prestataires du numérique sur 7 domaines clés de l'écoresponsabilité : les initiatives RSE/ESG, les émissions de gaz à effet de serre, la consommation énergétique et l’usage des énergies renouvelables, la gestion de l’eau, les déchets électroniques, les pratiques IT, ainsi que les certifications. Parmi ces prestataires, 12 entreprises - dont Capgemini, OVHCloud ou Sopra Steria - ont accepté de détailler leurs actions écoresponsables pour servir de modèle et encourager une mise en mouvement collective. Par ailleurs, cette édition 2024 est marquée par l'introduction de nouveaux thèmes comme, l'impact environnemental de l'IA, l'écoconception des services numériques et l'économie circulaire.
De la progression
Passons au constat et commençons par le positif : la part des prestataires ayant défini des objectifs de réduction d’impacts à 2030, progresse de +24 points entre 2023 et 2024. Traduction : les entreprises du numérique passent à l'action en intégrant l'idée que la durabilité peut, elle aussi, représenter un avantage compétitif. En effet, des pratiques environnementales plus responsables permettent non seulement de répondre aux exigences légales et de minimiser les risques environnementaux et sociaux, mais aussi de se différencier sur le marché, d'attirer des talents et de renforcer l'image de marque. Puis, on est bien placé pour le savoir : l'intégration de la durabilité stimule souvent l'innovation et l'efficacité, ce qui n'est pas négligeable dans un secteur du numérique en constant évolution.
De la stabilisation
Autre constat majeur du rapport : RAS sur le suivi des principaux indicateurs environnementaux dans les entreprises. Les prestataires mesurent et suivent leurs performances environnementales (émissions de gaz à effet de serre (GES), consommation énergétique, etc.) de manière constante entre 2023 et 2024, même s'il existe une forte disparité selon les indicateurs analysés.
Ce suivi est crucial pour évaluer l'impact des entreprises sur l'environnement et orienter leurs décisions vers des pratiques plus durables. En surveillant ces indicateurs, les entreprises peuvent non seulement se conformer aux régulations de plus en plus strictes, mais aussi améliorer leur performance énergétique, réduire leurs coûts opérationnels. De plus, ces actions contribuent à la lutte contre le changement climatique et permettent de respecter les objectifs mondiaux de neutralité carbone. Ainsi, la stabilisation de ces suivis, souligne l'importance d'ancrer ces pratiques dans les stratégies à long terme des entreprises.
Du fléchissement
Mais tous les indicateurs ne sont pas au vert, notamment les indicateurs d'évolution. Qu’il s’agisse des émissions de GES, de la quantité d’énergie consommée, de la consommation d’eau ou encore de la masse de DEEE - pour déchets d'équipements électriques et électroniques - collectés, le tendance semble être à la baisse. Ainsi, entre 2022 et 2023, les émissions de GES liées aux activités des prestataires ont augmenté de +1,9%, et la quantité d’énergie consommée de +14,1% et la consommation d'eau a quant à elle augmenté de 4,8%. C'est ce qu'on pourrait appeler une dégradation, ou un fléchissement.
Ces résultats suggèrent que les prestataires n'ont pas réussi à réduire leur impact environnemental et qu'il existe un besoin urgent d'amélioration dans la gestion des ressources et des déchets. Ce constat soulève des questions sur l'efficacité des stratégies actuelles en matière de durabilité et d'optimisation des ressources.
De l'espoir
Heureusement, ce constat en demi-teinte laisse de la place à quelques bonnes nouvelles :
les émissions de GES du scope 1 baissent ;
la part des énergies bas carbone et/ou renouvelables dans les consommations énergétiques progresse ;
la durée de vie des serveurs, ordinateurs et smartphones a été étendue d’au moins 1 an en moyenne.
À noter également les attentes exprimées par les prestataires du numérique quant à la prise en compte de l'impact de l'IA dans leurs pratiques, notamment celui des grands modèles de langage en raison de leur consommation énergétique. 24% des prestataires du numérique affirment déjà prendre en compte cette réalité, 36% y réfléchissent et 4% prévoient de le faire d'ici 2027.
Vous l'aurez compris, la route est encore longue. Mais ce qui est certain, c'est que nous sommes bien en chemin. Alors pour prendre part au mouvement et poursuivre la réflexion, on vous invite le 12 décembre prochain chez Cap Digital à un événement dédié à la décarbonation du numérique, organisé par POC Media, le média des deeptech.
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