Commencez la fin de l'année avec un peu d'IA éthique, du cloud en audio, du retail en événement, du concours Bpifrance en appel à projets et des tiny houses à l'honneur.
La newsletter qui reconnecte l'innovation au progrès — par Cap Digital
Le 5 décembre 2022
Ayé, c’est le dernier mois de l’année ! L’heure des pulls et films de Noël gênants, des rétrospectives Spotify, des Secret Santa entre collègues, du Téléthon et peut-être même des premiers flocons de neige (on croise les doigts). Et dans le monde de l’innovation numérique, c’est la course aux événements de fin d’année et aux dossiers bilans et clôtures de budget 2022. Nous, on se prépare pour l’occasion avec une toute dernière newsletter un peu particulière le 19 décembre prochain. En attendant, on a plein de choses à vous raconter :
Focus sur :comment faire de l’IA éthique une réalité ;
L’audio anti-schmilblick : sur le projet Gaia-X, celui-là même qui vise à développer des exigences communes pour une infrastructure de données européenne ;
L’appel à projets en stock :le concours i-Lab de Bpifrance, pour l’aide à la création d’entreprises ;
Le nouvel adhérent Cap : Hoummi et ses tiny houses dans lesquelles on passerait bien les fêtes.
Des expérimentations les plus singulières et créatives - création d’un faux clip d’Orelsan, élaboration de nouvelles recettes de whisky, découverte de la recette du chocolat qui plaît au plus grand nombre - aux cas d’usages les plus (re)connus et profitables dans les secteurs de la santé, du commerce, de l’environnement, de la sécurité, de la culture ou encore des banques et assurances, l’intelligence artificielle se démocratise à vitesse grand V et suscite de plus en plus de questions éthiques. Parce qu’avec les capacités hors normes de l’IA, on peut aussi imaginer tout un tas de scénarios inquiétants allant du terrorisme à la désinformation en passant par la manipulation des marchés financiers et la corruption de données. Autrement dit, l’utilisation de l’IA dans nos vies ne sera pas un long fleuve tranquille : elle pourrait aussi mettre à mal nos droits et libertés fondamentales. D'où la nécessité aujourd’hui d’une réflexion poussée et collective sur l’éthique de l’IA : comment assurer un développement des technologies basées sur l’IA au sein d’un cadre commun de valeurs éthiques ?
Qu’est-ce que l’IA éthique ? L’IA éthique est probablement l’IA qui sait apporter des bénéfices tout en se posant sans cesse la question des risques : risques économiques, risques environnementaux, risques sur l’emploi ou encore risques psychologiques et mise en danger de la vie d’autrui dans le cas des voitures autonomes pilotées par une IA (laquelle, vous serez “ravis” de l’apprendre, devrait dans les pays du Sud, dont la France, plutôt tuer un jeune qu’un senior, d’après une étude du MIT). Mais avant que ces deux termes ne convolent en justes noces, il serait peut-être utile de rappeler ce qu’on entend par intelligence artificielle et par éthique, même si cela ne met pas encore tout le monde d’accord.
Pour John MacCarthy, père fondateur de l’IA, l’intelligence artificielle relève de « toute activité intellectuelle qui peut être décrite avec suffisamment de précision pour être simulée par une machine ». Pour ce qui est de l’éthique, du latin ethica et du grec êthikon, on peut la définir comme l’ensemble des principes moraux d’une personne physique, ce qui se traduit pour une organisation par l’ensemble des règles de conduite qui guide son fonctionnement au quotidien. Et ce qui rend l’éthique plus complexe qu’une simple charte de travail, c’est qu’elle ne peut être ni universelle - elle varie en fonction des cultures - ni contraignante. Mais ce qu’il faut retenir, c’est sûrement ce qu’en dit Audrey Azoulay, Directrice générale de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture, dans cette chronique ONU : “nous devons nous assurer que l’IA est développée selon une approche humaniste, fondée sur des valeurs et les droits de l’homme. Nous faisons face à une question cruciale, à savoir quel type de société nous voulons pour demain”.
Mais ce n’est pas si facile de se mettre d’accord. Surtout quand on doit trouver un cadre commun à l’échelle internationale. En novembre 2021, les 193 États membres de l'UNESCO ont adopté la Recommandation sur l'éthique de l'intelligence artificielle, qui se veut être “le tout premier instrument normatif mondial sur le sujet”. En abordant tous les domaines de l’IA, il propose des principes-clés et structurants pour le développement et l’application de l’IA, centrée sur l’humain. Ce texte vient compléter le travail effectué en mai 2019 par l’OCDE dans son rapport “Les Principes sur l’IA” qui défendait déjà l’idée d’une IA inclusive, respectueuse de l’environnement, centrée sur l’humain et l’équité, transparente et explicable, robuste, sûre et responsable, et qui proposait des recommandations concrètes pour les décideurs politiques. On peut aussi citer tout un tas d’autres textes et déclarations portés par des pays ou des organisations internationales, ainsi que “Les lignes directrices concernant l'éthique d’une IA digne de confiance” publiées en 2019 par le Groupe d’experts de haut niveau sur l’IA de la Commission Européenne.
Dans l’Hexagone, on peut aussi saluer plusieurs initiatives. Parmi elles, la création en 2019 d’un Comité national pilote d’éthique du numérique (CNPEN) qui rend régulièrement des avis sur l’éthique du numérique, comme celui sur les véhicules autonomes (et donc l’IA, vous suivez toujours ?). Ou encore l’initiative franco-canadienne PMIA (Global Partnership on AI, GPAI) lancée en juin 2020 au sein du G7 pour créer un partenariat mondial pour une intelligence artificielle digne de confiance, qui regroupe aujourd’hui plus de 25 pays membres autour de 4 axes de travail principaux : l’IA responsable, la gouvernance des données, l’avenir du travail, l’innovation et la commercialisation. Puis en septembre 2021, on a vu naître en France le manifeste “Ethical IA”, sous le giron du syndicat professionnel de l’industrie du numérique Numeum, qui, aux côtés de plus de 350 contributeurs, souhaite “mettre à la disposition d’acteurs engagés un outil pratique pour concevoir, développer et piloter des systèmes d’intelligence artificielle respectueux des droits humains fondamentaux”. Pourtant, en pratique, l’éthique appliquée à l’IA ne semble pas si simple à mettre en œuvre au niveau opérationnel. Même au sein de notre collectif, la marche reste à gravir. Dans une enquête menée par notre Délégation Spéciale "Innovation Numérique Responsable" et publiée en mars 2022, seuls 40% des répondants ont affirmé avoir mis en place des actions pour adopter un usage responsable de l’intelligence artificielle et des algorithmes.
Passer de la théorie à la pratique. Entreprises, gouvernements, associations, acteurs publics et privés sont au rendez-vous pour élaborer guides, chartes et recommandations en tous genres, mais quand il s’agit de faire de ces bonnes pratiques une réalité opérationnelle, c’est plus compliqué. Certains se structurent autour de conseils et comités indépendants, comme Orange en 2021 avec son “Conseil d’éthique de la data et de l’IA” pour accompagner ses équipes dans une mise en œuvre éthique, responsable et transparente des technologies d’IA, et d’autres créent des labels en faveur d’une IA responsable, comme Positive AI par L’Oréal, Malakoff Humanis et Orange, ou Labelia, le label IA responsable et de confiance par Labelia Labs, ou encore le futur label franco-allemand du collectif Confiance.ai fondé par 13 industriels et organisations académiques et financé par France 2030. Mais au-delà des partenariats, les experts sont unanimes : en matière de développement éthique de l’IA, la clé est d’implanter ces principes éthiques dès la conception de l’IA, c’est ce qu’on appelle “l’éthique by design”. Le secteur de la santé a d’ailleurs déjà pas mal avancé sur la question avec les recommandations en mai dernier de la Délégation ministérielle au numérique en santé suite à la loi relative à la bioéthique d’août 2021.
Une mise en pratique collective et mesurable. Améliorer les IA existantes et façonner les IA futures se fera donc collectivement ou ne se fera pas éthiquement. Tous les métiers concernés - juridique, ingénieurs, data scientists, commerciaux, etc. - doivent être en capacité de se réunir sur ces questions et de prendre les meilleures décisions au regard des risques éthiques et des engagements pris par leur organisation. D’autant plus qu’en 2023, devrait être adopté par la Commission européennele nouveau règlement sur les systèmes d’intelligence artificielle, lequel, à travers une approche fondée sur les risques, instaurera des règles communes au carrefour du droit et de l’éthique. La mise en conformité n’est donc plus une option !
L'AUDIO ANTI-SCHMILBLICK
On vous explique le projet Gaia-X en 1 min 37 s.
Lancé officiellement en janvier 2021, le projet européen Gaia-X s’est donné pour ambition de promouvoir un cloud européen interopérable, efficace, compétitif, sécurisé et fiable. Mais comment favoriser la libre circulation et le partage sécurisé de données tout en permettant aux participants de conserver leur contrôle sur ces dernières ? Anne-Sophie Taillandier, coordinatrice en France du développement des services fédérés pour le projet Gaia-X Hub France, et directrice de TeraLab, plateforme de l’Institut Mines-Telecom dédiée à la big data et à l’IA, nous raconte (presque) tout sur les actions de Gaia-X depuis son lancement.
L'APPEL À PROJETS EN STOCK
Le concours i-Lab opéré par Bpifrance
Déjà la 25ème édition pour le Concours d’innovation i-Lab, qui a annoncé fin novembre une nouvelle vague qui se tiendra jusqu’au 01 février 2023. L’objectif du concours ? “Détecter des projets de création d’entreprises de technologies innovantes et soutenir les meilleurs d’entre eux grâce à une aide financière et un accompagnement adapté”. Opéré par Bpifrance, le concours est destiné aux projets de “création-développement” dont la faisabilité technique, économique et juridique est établie et qui pourraient donner lieu à une création d’entreprise. Côté financement, une enveloppe de 600 K€ est prévue sous forme de subvention, pour des dépenses éligibles de personnel, de fonctionnement ou d’équipement d’un montant maximal de 1M€. Et si ce n’est pas assez clair pour vous, le mieux c’est encore de contacter notre équipe R&D, qui saura vous accompagner tout au long du process et labelliser votre projet pour maximiser vos chances.
ON SOUHAITE LA BIENVENUE À...
Hoummi, adhérent Cap Digital depuis nov. 2022
Lars Herbillon, cofondateur de Hoummi
Vous rêvez d’une maison mobile, autonome en électricité et en eau, lumineuse, écologique et modulaire ? Ne cherchez plus, nous venons d’accueillir chez Cap Digital la start-up franco-portugaise Hoummi, qui travaille depuis 2016 sur la commercialisation de tiny houses autosuffisantes. Les premières livraisons sont attendues au printemps 2023 ! Créée officiellement en mars 2020 par Joaquim Rodrigues, Mailys Cantzler, Lars et Jean-Michel Herbillon, l’entreprise emploie aujourd’hui pas moins de 8 personnes et se rêve futur leader européen de la construction hors-site avec son “concept d’habitation et d’espaces d’activité autonome, intelligent et réversible”.
Intéressantes à titre individuel, ces constructions qui se déploient sans aucun raccordement terrestre et sans aucune artificialisation des sols, représentent aussi une opportunité pour les villes qui souhaitent investir dans des programmes de logements sociaux. C’est le cas dans l’Ouest, dans la ville de Parthenay, où un lotissement de Hoummi Houses devrait bientôt voir le jour pour héberger des personnes en situation de précarité.
ON Y ÉTAIT !
Au Connect Lille 2022
C’était fin novembre, et c’était à Lille ! L’événement retail & tech du Nord de la France, le Connect Lille, a réuni plus de 400 dirigeants du retail et plus de 40 acteurs technologiques pour deux journées de conférences de haut vol. Notre collègue Pierre Blanc était sur place pour repérer les tendances à regarder de près et animer notre Village “Innovation & RSE”, regroupant 12 start-up et PME régionales sélectionnées par Cap Digital, avec le soutien de la Région Hauts-de-France et de la Métropole Européenne de Lille.
Deux tendances presque antagonistes animent aujourd’hui le monde du retail : face aux crises, la nécessité immédiate d’adapter les process et la posture face au client, et à plus long terme, le besoin de muter vers un modèle économique de commerce circulaire pour répondre aux nouvelles attentes des consommateurs. “Le retail est confronté à un besoin de transformation d’une ampleur inédite, supérieure à la vague de l’e-commerce” précise Pierre Blanc. Et c’est là que la digitalisation du commerce fait son entrée : c’est, d’après les experts de l’événement, la seule réponse capable d’outiller à la fois la maîtrise des coûts et la construction des nouvelles chaînes de valeur du commerce circulaire. Et ce n’est pas Michel Koch, DG de Diamart Connect, organisateur de l'événement, qui dira le contraire. Sa prise de parole a marqué les esprits, notamment lorsqu’il a dit : “aujourd’hui, les modèles d’affaires qui contribuent à la RSE sont la cerise sur le gâteau du commerce. Demain, ce sera le gâteau”.
En parlant commerce circulaire, l’équipe sur place a aussi ouvert l'œil sur les start-up présentes, et repéré deux nouveaux acteurs du secteur : MooM, une plateforme digitale qui rassemble marques et citoyens autour de la seconde main, et Reversys, une solution collaborative en SaaS destinée aux e-commerçants permettant d’offrir aux clients une expérience retour optimale, au service de la seconde vie des produits.
ON Y SERA
Autrement dit, l’agenda des événements qu’on vous recommande un peu plus que d’autres.
• 5G : Orange et Nokia font le point sur la 5G en mode réseaux privés en webinaire le 7 décembre prochain ; • ESS : Grands groupes et entrepreneurs sociaux : l’amour impossible ? Réponse en visio avec Make sense le vendredi 9 décembre à 14h ; •Recherche & industrie : le 12 décembre prochain, ce sera l’heure de l’inauguration de SUMMIT, l’unité de Sorbonne Universités qui facilite et valorise les collaborations de recherche sur le monde industriel ; •Industrie & vivant : Alain Damasio et Gilles Clément seront à l’honneur lors de la 16ème édition des Entretiens du nouveau monde industriel. Au programme des 15 et 16 décembre au Centre Georges Pompidou : comment repenser le rapport entre le vivant et la technologie. •R&D : demain 6 décembre, participez au dernier R&D corner Cap Digital de l’année, pour faire un tour d'horizon des appels à projet régionaux, nationaux ou européens du moment.
SNIPPETS
Les actus de la quinzaine, en flux continu.
• Dernière ligne droite pour participer à notre appel à Manifestation d'Intérêt3DS OUTSCALE dédié aux acteurs innovants pour la Santé• Dans la continuité de son plan AI2021 et de sa stratégie Smart Santé, la Région Île-de-France et ses partenaires lancent le Challenge AI for Health 2022, doté de 1 million d’euros. Vous avez jusqu’au 13 janvier 2023 pour participer • Construire le port de demain grâce au jumeau numérique, c’est l’objectif de la 4ème édition Smart Port Challenge de Bouygues, montez à bord ! •Intelligence artificielle : USA, Europe, Chine - comment ces puissances dictent leurs normes pour tenter de devenir le leader mondial du secteur ? C'est le propos du rapport "IA : les normes comme outil d'influence" publié par l'Ecole de Guerre Économique • C’est officiel, l’IGN et ses partenaires ont annoncé les 5 start-up lauréates du 7e appel à projets « Donne du relief à tes projets avec les données Lidar », dont notre adhérent Cythelia Energy•
Et voilà pour cette quinzaine. Est-ce que cette nouvelle newsletter vous a plu ?